André Chauvet et Agnès Heidet

Confucius aurait dit (je n’étais pas là pour le vérifier !) que " L’expérience est une lanterne que l’on porte dans le dos et qui n’éclaire jamais que le chemin parcouru ". Certes. Mais nous ne sommes guère convaincus. Nous, artisans du conseil et de la formation, avons conduit ces dernières décennies de nombreux chantiers dans des contextes multiples autour de l’accompagnement et du conseil. Et certains à forts enjeux (bilan de compétences, VAE...). Alors, nous pouvons modestement penser que le regard réflexif nous est utile pour comprendre ce qui se passe, se joue, se dénoue et repérer sur quoi et comment agir au mieux pour contribuer à faire cheminer une certaine idée de l’accompagnement. Et cela tant pour les individus que pour les organisations.

Car aujourd’hui, nous sommes un peu à la croisée des chemins. Certes, les nuages s’amoncellent et les incertitudes sont nombreuses. Nous ne goûtons guère aux compétitions de pessimisme et à l’alarmisme ambiant mais des évidences s’imposent. Plus qu’une crise, c’est bien une période de transformation que nous traversons. N’est-ce pas justement le moment opportun, le Kaïros, pour prendre et porter une parole, mutualiser les ressources de praticiens dans une perspective de construction partagée mais également d’esquisse d’un avenir mobilisateur.

Car tout peut concourir à l’impuissance généralisée. Et cela tant du côté des accompagnateurs que des personnes accompagnées. Et cela est d’autant plus paradoxal que les travaux auxquels nous avons participé ont tous un dénominateur commun : contribuer à la mobilisation du pouvoir agir des personnes.

Et, pour y contribuer, nous avons des leçons à tirer de notre aventure professionnelle et citoyenne. Nous en avons progressivement construit des savoir-faire d’usage modélisés, formalisés et diffusés depuis plus de 20 ans. Et nous savons mieux aujourd’hui ce qui essentiel : une conception, une philosophie et une éthique de l’accompagnement.

Nous pourrions lister les très nombreuses missions qui nous ont été confiées, nous glorifier de la confiance qui nous est faite. Nous voulons plutôt aujourd’hui affirmer des priorités, des valeurs clés, des principes mobilisateurs. Et dire que notre travail n’a de sens que s’il est porteur d’une idée simple : chacun peut, à sa mesure, agir et vivre une vie qui a de la valeur à ses propres yeux.