Un interview vidéo pour Centre INFFO
Qu’est-ce qu’un territoire apprenant ?
Les territoires apprentis, une nouvelle façon de dire des choses qui sont communément admises. L’idée est que l’apprentissage n’est pas réservé à des formes scolaires et académiques. On peut apprendre dans toutes situations sociales.
Quels enjeux pour les territoires ?
C’est mettre à disposition des ressources potentiellement apprenantes pour tout citoyen du lieu. C’est trouver des formes et des modalités qui soient accessibles pour tous. Derrière l’idée de Territoires apprenants, il y a l’idée d’une forme de communauté de ressources. À la fois pour apprendre et à la fois peut-être pour construire des projets dans lesquels la nécessité de développer des compétences est un enjeu pour le territoire lui-même.
Au fond elle suppose et pré-suppose l’idée que :
- tous les acteurs du territoire sont capables d’apporter quelque chose dans les questions d’apprentissage
- tous les actants du territoires sont aussi porteurs de ressources au service du territoire
- à partir du moment ou le projet construit des projets communs au service de sa population il peut aussi générer des formes d’apprentissage pour chacun au niveau du territoire
Il y a aujourd’hui « des territoires, des villes apprenantes ». L’idée centrale est que les gens sont capables de passer d’une répartition des rôles à un collectif qui suppose une synergie à la fois de ressources et d’acteurs
Qu’apportent les tiers-lieux aux territoires ?
Denis Cristol dit que « les lieux sont révélateurs d’une certaine conception de l’apprentissage ». Il compare les différents lieux qui ont évolués depuis le moyen-âge. Si vous allez dans un amphithéâtre vous verrez que les lieux n’ont pas changés. Au fond, la forme académique, scolaire est très prééminente dans le monde des apprentissages.
Qu’est-ce qui nous intéresse dans les tiers-lieux ? Ce sont des lieux :
- qui ne sont pas dédiés par nature à l’apprentissage mais à la fabrication du lien, à la fabrication tout court, à la possibilité de rencontrer d’autres gens
- dédiés à la possibilité d’utiliser des ressources
- ouverts dans lesquels il y a une forme d’éphémère qui peut correspondre aux nouveaux usages
- dans lesquels je peux être à la fois contributeur de ressources et recevoir des ressources
Le lieux, si on pense à son agencement, peut être porteur de mécanismes d’apprentissages qui sont sans doute plus corrélés à nos usages aujourd’hui que ne l’est la forme scolaire académique. Ils remettent aussi au coeur des questions d’apprentissage la question du faire ensemble. Au fond, c’est une manière assez commune aujourd’hui de repenser les pédagogies actives (Freinet, Montessorie) ou plus historiquement les travaux du philosophe Deway sur les questions d’apprentissage. Les lieux disent quelque chose de la manière de penser l’apprentissage. Agencer les lieux devient sans doute un moyen de penser un apprentissage plus démocratique pour contribuer à une équité sociale aujourd’hui.
Les tiers-lieux diovent-ils inclure des formateurs ?
On voit beaucoup se développer la « pairagogie« , l’apprentissage par les pairs notemment dans les FabLabs. Ce qui veut dire que la question du savoir savant et de la modalité transmissive ne sont plus l’unique modalité d’accès au savoir. Ça ne veut pas dire qu’elle n’a pas d’intérêt, ça veut dire qu’elle ne peut plus être l’unique mode de travail. La question de la « mise en scène » des savoirs, la capacité à les agencer, la capacité à fabriquer de nouvelles ingénieries qui utilisent le lieu comme des lieux inspirants pour faciliter l’acquisition des savoirs devient un enjeu d’ingénierie du savoir et un enjeu de professionnalisme pour les enseignants aujourd’hui.